Maître Maçon - 3ème Grade

Maître Maçon - 3ème Grade

Les divulgations françaises de la première moitié du 18ème siècle

LES DIVULGATIONS FRANCAISES  DE LA PREMIERE MOITIE DU 18ème SIECLE

 

 

Après la divulgation anglaise de Samuel PRICHARD, rien d'important ne fut plus publié en Angleterre avant 1760, en dehors de nouvelles éditions de "Masonry Dissected", qui eu pour effet de stabiliser le rituel pratiqué en Angleterre, en servant d'unique référence.

Les textes français furent beaucoup plus nombreux, variés, et leur forme narrative possède l'avantage pour le lecteur d'aujourd'hui, de mieux croquer les détails des cérémonies qui apparaissent de manière très vivante, et de s'attarder sur les Travaux de Table qui n'avaient auparavant fait l'objet d'aucune description.

La période 1737-1751 est celle de l'éclosion de ces divulgations françaises dont aucune n'est officielle et dont la plus part est anonyme. Le principe des droits d'auteur, au sens actuel, n'existant pas à l'époque en France, ces textes se copient largement mutuellement, parfois mot pour mot.

Le premier texte en langue française, qui n'est précédé en Europe continentale que par une version allemande de "Masonry Dissected" publiée en 1736, est "La Réception d'un Frey-Maçon" publié à Paris en 1737. Ce texte fut réédité très largement puis également traduit en anglais, allemand et hollandais.

Son auteur véritable est le Chevalier René Hérault, Lieutenant Général de Police à Paris, dont le souhait est de rendre ridicule les réunions Maçonniques de l'époque.

Un an plus tard est publié en Français, à Londres, en 1738 "La Réception Mystérieuse". Ce texte anonyme de soixante huit pages ne compte que neuf pages originales, les autres étant empruntées soit à la traduction de "Masonry Dissected" soit à la divulgation d'Hérault. Emanant d'un auteur qui visiblement n'est point Maçon, il contient des confusions grossières et présente peu d'intérêt.

Le "Secret des Francs-Maçons", publié à Genève en 1742, est un des textes les plus célèbres. Il est le fait de l'Abbé Gabriel, Louis, Calabre Pérau qui, lors de la première édition, n'est pas Maçon mais néanmoins très bien renseigné, et qui, selon toute probabilité, a été reçu peu de temps après, puisque lors de la nouvelle édition de 1744, revue, corrigée et augmentée, l'auteur indique qu'il vient d'être reçu Maçon, fait confirmé par son concurrent Travenol qui critique les omissions du "Secret des Francs-Maçons" de 1742, en indiquant que " maintenant qu'il a reçu la lumière, l'auteur est bien placé pour se rendre compte de ses erreurs". C'est le seul ouvrage, sur la Franc-Maçonnerie, de Pérau qui par ailleurs publia de nombreux travaux littéraires et obtint une chaire à la Sorbonne. La plupart des éditions du "Secret" sont accompagnées d'un recueil de chansons maçonniques et de quelques pièces de poésie.

"Le Catéchisme des Francs-Maçons", est publié en 1744 "à Jérusalem et à Limoges", par Louis Travenol sous le pseudonyme de Léonard Gabanon. Il s'agit là également d'une oeuvre importante, émanant d'un journaliste et écrivain connu, avec la plus complète description du 3ème Grade de l'époque. La présence d'illustrations est également précieuse et constitua certainement pour l'époque un moyen de fixation homogène du rituel. Le « catéchisme » reprend largement celui de Samuel Prichard. On peut néanmoins noter des questions supplémentaires signes de l'extension de la réflexion symbolique. Sous le même nom de Gabanon, Travenol écrivit en 1747 "La Désolation des Entrepreneurs Modernes du Temple de Jérusalem" puis en 1749 "Le Nouveau Catéchisme".

"La Franc-Maçonne, ou Révélation des Mystères des Francs-Maçons" fut publiée à Bruxelles en 1744. Ce document très favorable à l'Ordre Maçonnique est d'un style pompeux, artificiel et très emprunté. Ses trente premières pages transcrivent les efforts de l'auteur féminin pour obtenir de son mari et de ses amis, le secret des Francs-Maçons. Après deux premiers échecs, la ruse permettra une soi-disant appréhension des trois Grades et de trois reproductions : Adam et Eve sous l'arbre de la connaissance, la Tour de Babel et le déluge, l'Arche de Noé et l'arc-en-ciel.

Il semble que cette divulgation ait en fait pour objectif de semer la confusion dans le public, par rapport aux divulgations précédentes. Cette accusation, déjà relevée à l'époque, vaudra tant pour ce texte que pour "Le Parfait Maçon".

"Le Parfait Maçon ou les Véritables Secrets des quatre Grades d'Apprenti, Compagnon, Maître ordinaire et Ecossais de la Franche Maçonnerie" imprimé "cette année", probablement 1744; auteur anonyme... Il s'agit probablement d'une tentative émanant des milieux maçonniques pour lutter contre l'introduction en Loge de faux maçons qui ont eu connaissance des divulgations précédentes, afin de perturber les esprits par de nouveaux mots, signes et comportements. Cette réaction à l'ouverture excessive des Loges fait également partie des attitudes de cette époque.

"Le Sceau Rompu ou la Loge Ouverte aux Profanes par un Franc-Maçon". Auteur inconnu se présentant comme Franc-Maçon, publié en 1745. L'auteur critique la croissance trop rapide de la Maçonnerie Française et son recrutement sans discernement. Il reprend l'histoire de l'Ordre avec une influence provenant du discours de Ramsey, son organisation moderne, son Catéchisme et la description des cérémonies. Une édition ultérieure interviendra en 1757, sous le nouveau titre de "Le Secret Violé", publié à Amsterdam.

"L'Ordre des Francs-Maçons Trahis, et le Secret des Mopses Révélé", Amsterdam 1745. Ce texte eut un grand succès puisqu'on dénombre une quinzaine d'éditions étalées entre 1745 et 1781. Il fut traduit en Allemand, Hollandais et Danois dès l'origine. Il s'agit d'une compilation qui a le mérite de ne prendre que le meilleur de l'époque. Son auteur est inconnu, certains analystes l'attribuent à Pérau au moins pour partie.

 

Les Francs-Maçons Ecrasés", Abbé Larudan, publié à Amsterdam en 1747. L'auteur, par ailleurs inconnu, prétend être le rédacteur de "l'Ordre des Francs-Maçons Trahis", ce qui est hautement improbable et relève d'une volonté de profiter de la publicité de ce texte. A l'opposé de "L'Ordre des Francs-Maçons Trahis", "Les Francs-Maçons Ecrasés" rassemblent tous les aspects les plus farfelus des présentations de l'époque.

"La Désolation des Entrepreneurs Modernes du Temple de Jérusalem", ou "Nouveau Catéchisme des Francs-Maçons", publié en 1747 par Léonard Gabanon. Celui-ci, reconnaissant des erreurs dans son premier ouvrage ainsi que des omissions, le complète par la description des origines de l'Ordre, de son organisation, la présentation du symbolisme de la réception d'un Apprenti, d'un Compagnon et d'un Maître, avec leur Catéchisme respectif. Il s'y ajoute une description du Banquet et divers documents dont le compte-rendu d'une descente de police lors d'une Tenue. La publication de 1749 sous le titre "Le Nouveau Catéchisme" constitue en fait une réédition de "La Désolation".

"L'Anti Maçon ou les Mystères de la Maçonnerie, Dévoilés par un Profane". Publié à Paris en 1748, d'auteur anonyme, cette divulgation eut peu de succès et constitue une compilation sans apport particulier, en dehors de la référence à une "Loge d'instruction" et de la confirmation de l'idée que "Le Parfait Maçon" et "La Franc-Maçonne" ont été délibérément publiés pour égarer le public.

"Le Maçon Démasqué ou le Vrai Secret des Maçons". Publié par un auteur non identifié prétendant s'appeler DHOM WOLSON, à LONDRES en 1751. L'auteur prétend avoir été reçu à Londres dans une taverne et donne les noms anglais de son Présentateur et du Maître de Loge. Il prétend avoir quitté l'Ordre pour, selon lui, "ne pas en avoir pour son argent".

Les détails fournis ne correspondent pas du tout aux usages Londoniens de l'époque, et tout laisse à penser que la description traite de la Maçonnerie Française. Elle a pour intérêt de ne pas être la simple reproduction des divulgations précédentes. Plus tardive, elle montre les variantes qui commencent à se faire jour, et amèneront la Chambre des Grades à lutter contre une "diversité révoltante". Si cet ouvrage n'eut pas grand succès en France, il fut édité avec plus de réussite en Allemagne, au Pays Bas avec six éditions à compter de 1766, en Angleterre et jusqu'à Dublin en 1777.



03/12/2011

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